Riccardo David


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Aube

Le letture



Aube
Rimbaud

J'ai embrassé l'aube d'été.

Rien ne bougeait encore au front des palais. L'eau était morte. Les
camps d'ombre ne quittaient pas la route du bois. J'ai marché,
réveillant les haleines vives et tièdes, et les pierreries
regardèrent, et les ailes se levèrent sans bruit.

La première entreprise fut, dans le sentier déjà empli de frais et
blêmes éclats, une fleur qui me dit son nom.

Je ris au wasserfall blond qui s'échevela à travers les sapins : à la
cime argentée je reconnus la déesse.

Alors je levai un à un les voiles. Dans l'allée, en agitant les bras.
Par la plaine, où je l'ai dénoncée au coq. A la grand'ville elle
fuyait parmi les clochers et les dômes, et courant comme un mendiant
sur les quais de marbre, je la chassais.

En haut de la route, près d'un bois de lauriers, je l'ai entourée avec
ses voiles amassés, et j'ai senti un peu son immense corps. L'aube et
l'enfant tombèrent au bas du bois.

Au réveil il était midi.


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